Qu'il vous souvienne que les États membres de la CEDEAO ont décidé le jeudi 10 août dernier de déployer une « force en attente ». C'est dans l'éventualité de rétablir l’ordre constitutionnel au Niger après une intervention. Cependant, ils n’ont pas précisé les effectifs que cette force pourrait mobiliser pour une intervention.
Cette intervention devrait avoir lieu « dans les plus brefs délais », selon le Président ivoirien Alassane OUATTARA. Toutefois, l'organisation espère toujours parvenir à une résolution pacifique de la crise même si les négociations avec les putschistes n’ont pas abouti.
Il convient de faire savoir que la « force en attente » mentionnée est issue de l’ancienne Brigade de surveillance du cessez-le-feu de l’organisation (ECOMOG). Elle est créé en 1990 à la suite de la guerre civile au Libéria. C'était dans le but de faire respecter les accords de cessez-le-feu signés dans les pays d’Afrique de l’Ouest. Axée sur le maintien de la paix, cette force d’interposition comprenait jusqu’à 20.000 hommes, surnommés les « Casques blancs ».
En 1999, la CEDEAO a décidé de faire de ECOMOG son bras armé permanent. Celui chargé de superviser les cessez-le-feu, de désarmer les forces armées irrégulières, d’effectuer des opérations humanitaires et des déploiements préventifs. En 2004, le groupe est devenu la « force en attente ». Elle a été déployée, en plus du Libéria, en Sierra Leone en 1997 pour mettre fin à la rébellion du Front révolutionnaire uni, en Guinée-Bissau en 1999 pour mettre fin à la guerre civile, et à nouveau au Libéria en 2003 pour faciliter les pourparlers de paix menacés par l’occupation rebelle de la capitale Monrovia.
Elle est également intervenue en 2013 au Mali dans le cadre de la Mission internationale de soutien au Mali dirigée par des Africains pour lutter contre les djihadistes. En 2017, elle a envoyé 7.000 hommes en Gambie à la suite de troubles politiques entre le Président sortant et le Président nouvellement élu.
Les pays suspendus pour coup d'État
Parmi les quinze membres de la CEDEAO, quatre ont été suspendus depuis 2021 suite à des coups d’État : le Mali, la Guinée, le Burkina-Faso et récemment le Niger. Seuls huit pays sur les onze restants ont participé au sommet extraordinaire à Abuja fin juillet. On retient clairement le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée-Bissau, le Nigéria, le Sénégal, la Sierra Leone et le Togo.
Aperçu des effectifs des pays membres
La Côte d’Ivoire compte 27.000 soldats. Elle a déjà annoncé qu’elle « fournira un bataillon » de 850 à 1.100 hommes. Les autres pays membres n’ont pas encore précisé avec exactitude le nombre de militaires qu’ils prévoient de déployer.
Le poids lourd de l’organisation reste le Nigéria. Il peut mobiliser jusqu’à 120.000 hommes de son armée régulière et 32.000 réservistes. Selon l’indice Global Firepower de 2023, l’armée nigériane est classée au 4e rang en Afrique et au 36e rang mondial en termes de puissance militaire.
L'opposition de l'Algérie
Il faut noter pour terminer, l’Algérie, qui partage environ 1000 km de frontière avec le Niger, rejette toute intervention militaire de la CEDEAO. Cette position a été réaffirmée par Ahmed ATTAF, ministre des Affaires étrangères.
David DOLTAIRE
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