L’idée de créer un Sénat au Bénin puise ses racines dans les traditions profondes du pays, où les anciens ont toujours occupé une place centrale. Considérés comme des sages en raison de leurs expériences accumulées, ils sont consultés lors des moments critiques et jouent un rôle essentiel dans la préservation de la cohésion et de la paix sociales. Cette valeur culturelle, pourtant largement reconnue, n’avait jusqu’ici jamais été traduite dans l’organisation politique de l’État, malgré les discussions engagées dès la Conférence nationale de 1990.
Depuis cette période fondatrice, la scène politique béninoise a évolué sans intégrer pleinement les compétences de personnalités de grande expérience, telles que les anciens Présidents de la République, de l’Assemblée nationale ou de la Cour constitutionnelle. Ces figures, qui pourraient utilement contribuer au débat et à la gouvernance nationale, restent souvent en retrait, parfois même sollicitées davantage par des pays étrangers que par leur propre Nation. La création du Sénat apparaît donc comme une opportunité pour capitaliser sur ce riche patrimoine intellectuel et institutionnel jusque-là sous-exploité.
Mais l’importance du Sénat ne se limite pas à la reconnaissance des anciens. Cette Institution se veut avant tout un organe de régulation politique, chargé de rappeler aux acteurs publics leur devoir d’agir dans l’intérêt supérieur de la Nation. À l’heure où certaines oppositions politiques ont déjà été accusées de privilégier la confrontation au détriment de la stabilité nationale, le Sénat entend jouer le rôle de « gardien du temple ». Il vise à instaurer une éthique plus exigeante dans la conduite des affaires publiques, comparable à celle qui existe dans d'autres corps de métiers.
En définitive, la création du Sénat constitue une avancée majeure dans l’architecture institutionnelle du Bénin. En valorisant l’expérience des anciens, en renforçant l’éthique politique et en œuvrant pour la cohésion nationale, cette nouvelle chambre se positionne comme une institution clé pour la stabilité et le développement durable du pays. Elle marque une volonté de consolider la démocratie béninoise en s’appuyant à la fois sur la sagesse des traditions et sur les exigences contemporaines de gouvernance.
A. J. T.
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