Ce qui s’est passé ce 7 décembre 2025 au Bénin n’avait rien d’un simple « coup d’État déjoué ». Ceux qui ne regardent que la surface des évènements pourraient se satisfaire de ce récit. Mais la réalité, ou du moins l’impression forte qui s’impose, est plus complexe : ce jour-là, le pays a été visé sur deux terrains à la fois, celui de ses institutions et celui de sa conscience collective. 

Tandis que les forces loyales neutralisaient les mutins, une seconde offensive, plus discrète, plus sournoise, se déployait dans le monde numérique. Des faux comptes, des avatars surgis d’on ne sait où, des relais extérieurs prompts à amplifier la confusion. Et cette galaxie d’acteurs qui, depuis quelque temps, se mêle frénétiquement des affaires internes des pays voisins. 

Peu importe leur origine exacte : ce qui importe, c’est leur méthode. Mettre en scène un pays supposément effondré, un président prétendument en fuite, une République déjà renversée. Une tentative d’imposer un récit avant même que l’histoire ne s’écrive. 

Le but est transparent : provoquer la panique, fissurer la confiance, secouer les fondations de l’État. Faire entrer dans la tête des citoyens l’idée que tout vacille, même quand le réel dit le contraire. Importer, en somme, les mécanismes du chaos que d’autres contextes ont déjà connu, comme si la déstabilisation devenait un modèle exportable. 

Mais cette fois, le scénario n’a pas pris. Le mensonge s’est heurté à deux murailles : la solidité des institutions et la lucidité des citoyens. C’est peut-être cela, la victoire la plus importante du 7 décembre 2025 : non pas seulement la maîtrise d’un putsch, mais la résistance collective à la peur fabriquée. 

Reste une question, une seule, mais essentielle : que fait-on maintenant ? Car il ne suffit pas de s’indigner quelques heures pour ensuite retourner à la routine. Il faut nommer les responsabilités, identifier les mécanismes de manipulation, renforcer nos défenses civiques et numériques. 

Refuser que notre débat public devienne le terrain de jeu d’influenceurs radicaux ou de soldats anonymes de la désinformation. Le Bénin a une ation à protéger, une démocratie à défendre, une trajectoire à écrire par lui-même. Aucun bataillon qu’il soit armé ou virtuel n’aura jamais le dernier mot sur ce destin-là. 

Deo-Grathias Jolidon OUSSOUKPEVI
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